«Le premier secrétaire doit être le candidat»
Publié par cedric - le 16/12/2010

Pour Henri Emmanuelli, DSK n’est pas le sauveur tant espéré par le PS. Il préfère miser sur Martine Aubry :

 

Député socialiste des Landes, représentant de l’aile gauche du parti, Henri Emmanuelli juge que Martine Aubry doit être la candidate du PS en 2012.

 

 

Comment jugez-vous la récente crispation de la situation au Parti socialiste, notamment depuis la candidature de Ségolène Royal ?

 

Compte tenu de l’ampleur de la crise et de l’échec de M. Sarkozy, nous devons nous montrer particulièrement responsables. Je n’ai pas l’impression que ce soit toujours le cas. On assiste à une multiplication de candidatures très anticipées, ainsi qu’à des bisbilles inutiles sur le calendrier. Tout cela n’est pas à la hauteur.

 

 

Martine Aubry dit qu’elle n’annoncera sa décision qu’en juin. N’est-ce pas trop tardif ?

 

Mais si la première secrétaire disait autre chose, on lui expliquerait qu’elle ne respecte pas le vote des militants ! Et quand elle dit cela, on lui reproche d’hésiter… Nous sommes un des rares partis démocratiques au monde dont le leader n’est pas candidat à l’exécutif ! Le premier secrétaire doit être le candidat. Je l’avais déjà dit pour Hollande en 2007. Je le dis à nouveau pour Aubry en 2010.

 

 

Serait-elle donc selon vous la mieux placée pour représenter le PS en 2012 ?

 

Oui. Elle doit être candidate à l’élection présidentielle

 

 

Ce n’est pas ce que disent les sondages, qui portent Dominique Strauss-Kahn aux nues…

 

Les flambées sondagières passionnent les journaux. Mais je rappelle que toutes celles qui se sont produites cinq mois avant l’élection se sont systématiquement révélées fausses. Mitterrand, en novembre 1980, était à 32%, contre 68% à Giscard…

 

 

Peut-on pour autant lutter contre DSK, qui surclasse les autres candidats PS ?

 

Ces sondages doivent être relativisés. DSK n’est pas impliqué dans le combat politique au quotidien. Il est à Washington.

 

 

Justement, le directeur général du FMI n’est-il pas le mieux armé pour conduire la gauche dans un contexte de crise ?

 

Je préside la commission d’enquête parlementaire sur la crise financière. La masse des outils financiers en circulation, c’est 700 000 milliards d’euros, douze fois le PIB mondial ! Bref, une gigantesque masse financière hors de proportion avec l’économie réelle. Or je n’ai vu, de la part du FMI [Fonds monétaire international, ndlr] , de la BRI [Banque des règlements internationaux] ou de la BCE [Banque centrale européenne], aucune alerte sérieuse sur l’explosion inconsidérée des liquidités et les risques de la dérégulation financière… Alors je m’interroge : les acteurs financiers sont-ils les mieux placés pour rétablir plus de justice et la confiance dans l’avenir ? Faut-il demander à ceux qui n’ont rien vu venir d’être les sauveurs ?

 

 

Quelle doit être la ligne de la campagne présidentielle des socialistes ?

 

La gauche n’a pas récolté les bénéfices politiques de la crise. Parce qu’une grande partie de la social-démocratie avait adopté de facto les sous-jacents du paradigme néolibéral. Entre la gauche, qui parlait de «mondialisation heureuse», et la droite, peu de différence ! Il faut se ressaisir et revenir à nos valeurs. Si on ne creuse pas les différences, si on ne clive pas sérieusement, on aura des difficultés à gagner.

 

 

Si Strauss-Kahn revient, présenterez-vous un candidat aux primaires ?

 

Si DSK est candidat et que Martine Aubry ne l’est pas, nous ne resterons pas inertes.

 

 

Recueilli par D.R.A.