« Il faut oser le changement »
Publié par cedric - le 08/11/2008

« Sud Ouest ». La motion présentée par Ségolène Royal est arrivée en tête. N’est-ce pas un succès pour elle ?

Henri Emmanuelli. On peut dire les choses comme cela… On peut aussi constater qu’obtenir moins de 30 % des voix, quand on en a fait 64 % en 2006, ne constitue pas une progression. Les deux lectures sont possibles.

Elle avait cependant beaucoup de candidats contre elle ?

Pas plus que d’habitude. Je me souviens qu’en 1995, quand j’ai obtenu 37 % au vote interne du PS, alors que j’avais fait plus de 70 % un an avant, j’ai estimé que je devais me retirer. Je n’ai pas expliqué que c’était une victoire !

Ceux qui ont fait moins qu’elle, comme Bertrand Delanoë et Martine Aubry, sont-ils disqualifiés pour devenir premier secrétaire ?

Pour Bertrand Delanoë, qui était associé au premier secrétaire sortant, ce n’est pas un succès. De son côté, Martine Aubry avait fédéré les courants fabiusien et strauss-kahnien ainsi que les puissantes fédérations du Nord et du Pas-de-Calais. Force est de constater que cette candidature n’a pas suscité un véritable élan chez les militants.

Et Benoît Hamon qui est arrivé en tête en Aquitaine ?

Notre motion ne bénéficiait pas, elle, du soutien de grandes fédérations. Je pense néanmoins qu’elle a remporté un vrai succès, avec notamment la première place en Aquitaine. Maintenant, c’est à Bertrand Delanoë, à François Hollande et à Martine Aubry de tirer les conclusions de ce vote. Il serait souhaitable pour le Parti socialiste de constituer une équipe renouvelée à sa tête, autour de Benoît Hamon, avec des gens compétents proches de Bertrand Delanoë et de Martine Aubry. Quant à notre génération, elle doit être là pour les épauler. C’est ce que j’ai fait avec Benoît Hamon.

Statutairement, c’est la personne qui a porté la motion arrivée en tête qui doit faire des propositions ?

Oui. Toutefois, un compromis avec Ségolène Royal nous semble compliqué. Je n’ai pas l’impression que la ligne politique de Mme Royal soit proche de la nôtre.

Ce sera un congrès de temps de crise ?

Je crois que la crise économique sera bien plus dure que ce que l’on dit. Nous ne prenons pas encore la mesure de la situation, pas plus que de ses conséquences. Les classes populaires et moyennes seront les plus durement frappées. Elles exprimeront des attentes très fortes. Notre parti doit travailler pour y répondre.

Le Congrès de Reims pourra-t-il y répondre ?

Je le souhaite. Je n’ai d’ailleurs pas compris pourquoi ceux qui l’ont dirigé pendant cinq ans se sont divisés. Ils doivent aujourd’hui tirer les conséquences du vote et de la situation actuelle. Plus que jamais, il faut oser le changement pour être à la hauteur des événements.