Les larmes de Labeyrie
Publié par cedric - le 14/03/2008

MUNICIPALES. Hier soir au théâtre municipal garni d’au moins 800 personnes, la gauche a donné son dernier meeting. À la fois émouvant et va-t-en-guerre

:Jean-François Renaut


C’est en pleurs et accompagné par une standing ovation que Philippe Labeyrie fait son apparition sur scène. Le théâtre municipal est plus que plein pour la dernière réunion publique de la liste de gauche (on ne sait plus si on doit dire liste Labeyrie ou liste Cazaugade).
Les 800 personnes présentes, peut-être 900, sont presque aussi émues que leur encore maire pour quelques jours.
Ses larmes séchées, pour un temps, Philippe Labeyrie se lance. Malgré une voix cassée, il retrouve ses accents de tribun. Il revient sur la soirée de dimanche. « Quand j’ai vu les premiers résultats tombés sur mon bureau, ce fut un grand choc », explique t-il. Geneviève Darrieussecq est devant dans quasiment tous les bureaux de vote, 550 bulletins sont blancs ou nuls et sur beaucoup d’entre eux son nom est rayé avec parfois des commentaires peu amènes à son égard.
« Je me suis dit, il y a quelque chose qui ne va pas quelque part. Ce quelque chose qui n’allait pas, c’était Labeyrie. C’est là que je me suis rendu que ça faisait 25 ans que j’y étais. »
Il fait la génèse de son retrait et l’avènement de Michel Cazaugade. Il dit aussi son espoir qu’avec lui, « on peut gagner, on va gagner. »
Il finit, la voix étranglée. « Bien sûr que je suis malheureux. Je ne voudrai pas que la ville passe à droite et je vous demande de penser un tout petit peu à moi. »


« On va gagner ! ». Le théâtre scande « Labeyrie ! Labeyrie ! » puis bientôt, le relais pris à la tribune par Michel Cazaugade, « On va gagner ! On va gagner ! ». L’urgentiste, comme le soulignera plus tard Emmanuelli, politise le débat. « Chaque Montois qui votera dimanche pour Darrieussecq prend le risque de remise en cause de tous nos acquis en terme de services publics communaux. »
Alain Vidalies est le troisième intervenant. Il conte les débuts en politique de Labeyrie, qui sont aussi les siens, en 1979. Une anecdote tendre et puis des attaques musclées contre Geneviève Darrieussecq qu’il ne nomme jamais. « C’est en janvier que l’UMP a sélectionné cette candidate. Je dois être objectif et reconnaître que cette sélection est méritée. C’est une des rares candidates du Modem qui appelle à voter Sarkozy, elle doit être récompensée. »
Reprenant les slogans de mercredi soir lors du meeting de la candidate centriste, il tonne. « À tous pourris, je préfère tous ensemble. »
C’est Henri Emmanuelli qui termine. Un mot gentil, à sa manière, sur Philippe Labeyrie et puis l’artillerie à la fois lourde et fine sur son adversaire. « Cette ville n’a pas à entrer dans le Sarkoland alors que la plupart des villes de France veulent en sortir. » Il en appelle à la mobilisation de tous les présents pour y faire obstacle et « permettre que Mont-de-Marsan reste à gauche? Et peut-être Dax aussi ! »
C’est fini. Sous un tonnerre d’applaudissements, Philippe Labeyrie reprend le micro et glisse, toujours aussi ému : « À dimanche soir ».