La côte sableuse du littoral de Nouvelle-Aquitaine pourrait perdre 50 mètres et la côte rocheuse 27 mètres d’ici 2050, d’après l’Observatoire de la Côte Aquitaine. Dans cette bande côtière, le GIP Littoral a estimé que 5 800 logements et 600 activités économiques sont menacés. Leur valeur totale est estimée à 2,4 milliards d’€. À plus long terme, le changement climatique aggravera le risque érosion.
Pour y faire face, les collectivités du littoral de Nouvelle-Aquitaine ont élaboré en 2012 une stratégie régionale de gestion de la bande côtière. En moins de 10 ans, elles ont engagé des démarches inédites en France. Elaborées avec les services de l’État, elles combinent protection souple et dure, relocalisation, sensibilisation, et prise en compte du risque dans la planification.
Mais le cadre juridique reste encore une fois inadapté à l’érosion.
C’est la raison pour laquelle les Députées Pascale Got et Chantal Berthelot avaient proposé une loi « portant adaptation des territoires littoraux au changement climatique ». Etudiée à l’Assemblée et au Sénat entre 2015 et 2017, elle n’avait pas abouti. En janvier 2018, le Gouvernement rejetait le texte. Il annonçait qu’à la place, il concevrait un dispositif plus vertueux, plus pérenne, plus adapté. En octobre 2018, aux journées de l’Association nationale des élus du littoral, au Havre, le Premier Ministre confirmait la nécessité de créer les instruments permettant à la fois de développer et de protéger le littoral, à court et long terme.
Depuis 5 ans, le besoin en outils juridiques et financiers nécessaires à l’action pour la gestion du risque d’érosion côtière est clairement affirmé.
Depuis 2 ans, 3 rapports ont été réalisés sur ce sujet au niveau national, restés sans suite.
Le Député de Vendée, Stéphane Buchou a produit le dernier de ces trois rapports.
Certains outils qu’il propose répondent aux attentes locales, tels que l’information préventive, le financement des acquisitions et travaux de relocalisation par un nouveau fonds national, les conventions littorales d’occupation, et la possibilité de déroger à la règle de continuité de l’urbanisation, dans un cadre très strict et uniquement pour la réimplantation des enjeux relocalisés.
Pour autant, au regard du diagnostic mené par le GIP Littoral et tous ses membres sur la façade de la Nouvelle-Aquitaine, le rapport ne répond pas à certains besoins exprimés depuis toutes ces années.
Premièrement, la négation de l’érosion côtière comme un risque naturel, en contradiction avec toutes les études scientifiques, les avis de tous les observatoires, et les politiques publiques existantes. Il ne suffit pas de débaptiser un problème pour le faire disparaitre.
Deuxièmement, il est illusoire de croire qu’à terme, la relocalisation sera possible partout. Des secteurs devront nécessairement être protégés de façon temporaire et parfois de façon pérenne.
Troisièmement, la multiplication de cas d’urgence sur le littoral régional à Soulac-sur-Mer, Biscarrosse ou sur la Côte Basque, montre que la gestion par l’aménagement sur le long terme n’est pas la seule solution à toutes les situations. Des dispositifs spécifiques ont été proposés mais ne figurent pas dans le rapport.
J’appelle donc de mes vœux un projet de loi, intégrant à la fois les outils opérationnels proposés récemment pour expérimenter la relocalisation, mais aussi les outils de gestion du risque répondant aux besoins exprimés depuis 2015, afin que les territoires puissent amplifier leur action.
Au moment où les élus attendent des réponses pour anticiper leurs documents d’urbanisme, mais aussi des réponses d’engagements financiers dans les futurs CPER ou fonds européens, il est urgent qu’une réponse de l’Etat soit finalisée au plus vite en tenant compte des territoires qui ont courageusement travaillé sur leurs stratégies locales.
Le GIP Littoral continuera à contribuer à la réflexion, tout en accompagnant au quotidien les territoires de la Région Nouvelle-Aquitaine sur les solutions opérationnelles.
Renaud LAGRAVE
Président du GIP Littoral