« À eux les bénéfices, à nous les déficits »
Région Aquitaine Limousin Poitou Charente
Publié par renaud.lagrave - le 20/10/2016

Pour réussir un aménagement du territoire équilibré au goût de progrès, un ingrédient est indispensable : répondre aux besoins de mobilité des nouveaux aquitains. Les Régions ont un rôle fort à jouer dans ce domaine. Après le grand pas de 2002 où les Régions se sont vues confiées les transports régionaux de voyageurs, la loi NOTRE a renforcé la place désormais incontournable des nouvelles régions comme autorités organisatrices. Plus que jamais, elles ont la responsabilité d’une offre de transport diversifiée capable de répondre aux besoins de mobilités de tous. Schéma d’aménagement du territoire, maillage territorial, modernisation des infrastructures… sont désormais au menu dans un contexte ferroviaire d’ouverture à la concurrence et de liberté tarifaire.

La Région s’est toujours inscrite dans une dynamique collaborative pour réussir la concertation et travailler avec les acteurs locaux au désenclavement des territoires, elle créera à cet effet une conférence régionale annuelle de la mobilité. Mais depuis un an, les cars dits « Macron » sont venus jouer les trublions affichant la fausse intention de faciliter la mobilité du plus grand nombre. Ils ne sont en réalité qu’une menace pour le service public et symbolisent l’antithèse de l’aménagement du territoire.

S’appuyant sur des tarifs low costs très attractifs pour mieux défier les enjeux diaboliques d’un marché concurrentiel naissant, ce sont d’abord les entreprises de transports locales qui en font les frais en assumant très souvent la charge des matériels roulants, ainsi que des salariés précarisés. C’est en réalité un modèle fondé sur un dumping agressif destiné à conquérir des parts de marché et éliminer la concurrence. Il n’est évidemment pas tenable dans le temps.

Inexorablement, le nombre d’acteurs diminue. Il est déjà passé de cinq à trois sans qu’aucun n’ait réussi à afficher le moindre bénéfice. Que penser au passage de la SNCF qui au lieu de se réinventer ou de faire simplement son travail joue un double jeu avec ses cars OUIBUS.

Pire encore, un an après leur lancement, après avoir engrangé 40 millions d’euros de chiffres d’affaires (mais combien de déficit ?) et mis la main sur 193 villes, la logique comptable commence à prendre le pas résumant le dialogue avec les collectivités publiques à l’implacable stratégie « A nous les bénéfices et à vous les déficits ».

Ce sont désormais les trajets les plus rentables qui seront privilégiés pour mieux délaisser les liaisons les plus déficitaires qui pourtant ont une véritable mission de service public dans les territoires les plus fragiles. L’arrêt annoncé des voyages entre Guéret et Montluçon (sur Bordeaux–Lyon) en est l’exemple le plus flagrant.

Où est l’égalité dans tout cela ? Peut-on cautionner cela ? Quelle société de la mobilité et des échanges voulons-nous ? Comment assurer la meilleure mobilité en Ville comme dans nos départements ruraux ?

La Région sera donc au rendez vous de la mobilité réinventée, elle a choisi de lutter contre ce modèle et d’investir dans le service public des transports. 700 M€ seront investis d’ici 2020 dans la régénération des lignes ferroviaires de Nouvelle-Aquitaine dans le cadre des trois contrats de Plan en cours, 61 rames neuves seront livrées d’ici 2018, nous voterons un nouveau règlement d’aide aux Pôles d’échanges multimodaux,  nous gérerons dès 2017 les transports scolaires et Interurbains ce qui permettra de déployer une stratégie globale au bénéfice des usagers et nous produirons en 2019 le volet mobilité du SRADDET.

Choisir cette voie c’est d’abord penser à l’intérêt général, mieux relier intelligemment tous nos territoires tout en tenant compte du cadre contraint des finances publiques.

C’est le sens de la politique que développera la Région Nouvelle-Aquitaine dans les prochains mois afin que la mobilité pour toutes et tous devienne une réalité

 

Renaud LAGRAVE