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Publié par Renaud Lagrave - le 21/09/2017

Les vents de plus de 300km/h, des pluies diluviennes et d’énormes vagues de plus de 12m ont ravagé ces perles des Caraïbes. Mes pensées sont tournées vers les proches et les familles des victimes. Les dégâts matériels, considérables, génèrent des difficultés majeures.

Le changement climatique est assurément responsable de l’intensité d’un tel événement jamais enregistré auparavant dans l’Atlantique. L’heure est à la gestion de crise : secours et réparation d’urgence. Mais demain, quel autre territoire littoral affecté par le changement climatique ? Le changement climatique n’affecte pas que l’Outre-Mer. Le Golfe de Gascogne ne sera pas épargné. A quoi doit-on s’attendre pour les prochains hivers sur le littoral aquitain ? A un nouvel épisode comme celui observé lors de l’hiver 2013-2014 ? A des tempêtes encore plus fortes jamais observées à l’instar de ce qui vient de se passer avec l’ouragan Irma ?

On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas…

Nous n’aurons aucune excuse en cas de nouvelles situations comme le Signal ou en cas de destruction brutale de bâtiments par la mer cet hiver. On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. Jeudi dernier Elise Lucet présentait dans son émission Envoyé Spécial, pour ceux qui n’étaient pas encore au courant, les menaces qui pèsent sur le littoral aquitain. L’extrême vulnérabilité du littoral aquitain est désormais connue. Pour rappel, dès cet hiver, ce sont plus de 90 logements non protégés qui pourraient être brutalement détruits par la mer en cas de nouvelles tempêtes sur la côte sableuse. Sur la côte rocheuse, ce sont 70 logements qui sont sous la menace à court terme d’un recul de la falaise. A l’horizon 2050, la côte sableuse pourrait perdre 50 mètres et la côte rocheuse 27 mètres d’ici 2050. Dans cette bande de terre gagnée naturellement par la mer, le GIP Littoral aquitain a dénombré 5 800 logements !

« Que faire : partir ou résister ? » : comme s’interrogent les journalistes d’Envoyé Spécial. Les collectivités du littoral aquitain, accompagnées par le Groupement d’Intérêt Public Littoral Aquitain, ont déjà trouvé des solutions au niveau local. Avec les services de l’Etat et les élus locaux nous avons élaboré dès 2012 une stratégie régionale de gestion de la bande côtière, déclinée aujourd’hui en 7 stratégies locales d’adaptation au recul du trait de côte. 3 sites aquitains ont participé pendant plus de deux à l’étude de la faisabilité des relocalisations. La connaissance scientifique et la culture du risque progressent notablement. Nous avons donc déjà tiré les conclusions d’Envoyé Spécial, avant même sa diffusion.

De nécessaires moyens juridiques et financiers

Désormais, il faut que le Gouvernement nous donne les moyens juridiques et financiers de mettre en œuvre ces actions, notamment par un soutien à la proposition de loi « portant adaptation des territoires littoraux au changement climatique » et son inscription à l’agenda parlementaire. On ne sait toujours pas anticiper et relocaliser des bâtiments que l’on sait menacés. La faute à un vide juridique qu’il est désormais temps de combler si l’on veut éviter que chacun se protège et renvoie le problème chez le voisin qui n’aura pas eu, à l’image des copropriétaires du Signal, les moyens de se protéger !

Attendons-nous une nouvelle tempête destructrice ou que la mer monte pour agir ?

Voir aussi l’interview vidéo de Renaud Lagrave sur le littoral:
Reportage Aqui!TV7 : Tous mobilisés pour défendre le littoral