CONSEIL MUNICIPAL. Grands projets, finances, vie locale et associative, administration générale… Il y en avait pour tous les goûts mardi soir mais il s’agissait avant tout d’être résistant
Il fallait avoir mangé des sucres lents pour assister sans défaillir au Conseil municipal de mardi soir. Débuté à 19 heures, il s’achève passé 23 heures. Et tant pis pour les amateurs de football qui n’auront pas vu une image (encore qu’avec un iPhone…) du quart de finale de Champion’s League entre Lyon et Bordeaux.
La raison de ce marathon est arithmétiquement simple. 68 questions figuraient à l’ordre du jour. Ah non, pardon, 69. Une supplémentaire ayant été rajoutée sur table.
Renaud Lagrave, porte-parole de l’opposition, s’en émeut d’ailleurs auprès de Geneviève Darrieussecq. « Dans ces cas-là, ne pourrait-on pas scinder et faire deux conseils ? » Réponse du maire : « la moitié des délibérations ne donneront pas lieu à débat ». On n’ose imaginer la longueur de la séance si ça n’avait effectivement pas été le cas.
Unanimes souvent
L’ordre du jour est découpé en tranches. Les grands projets d’abord, puis les finances, la vie locale et associative et l’administration générale. Sur les 69 questions, l’opposition s’abstient trois fois et vote contre deux fois. Tout le reste est adopté à l’unanimité.
Curiosité, le vote du budget annexe de la Régie municipale des fêtes et animations et celui de l’Office de tourisme (soit six questions) sont retirés de l’ordre du jour à la demande de l’opposition.
Dans les deux cas, Renaud Lagrave argue de la nécessité d’avoir réuni d’abord le conseil d’exploitation, ce qui n’a pas été fait. Pour la Régie des fêtes, le nouveau vice-président du Conseil régional a raison, pour l’Office de tourisme, il a tort.
Dans le détail, tous les grands projets passent comme des lettres à la poste. On peut citer la réhabilitation du groupe scolaire Saint-Médard et celle de la salle Jacques-Dorgambide, le lancement de l’avant-projet du boulevard Nord, une demande de subvention pour une étude concernant la géothermie et l’acquisition des emprises foncières nécessaires au projet de rénovation du quartier Nord.
C’est, sans surprise, sur les finances (les comptes administratif et de gestion 2009) que majorité et opposition divergent. Cette dernière s’émeut en particulier de l’augmentation des dépenses de fonctionnement de 3,5 % alors que les recettes ne progressent que de 0,43 %.Jean-Pierre Pinto, l’adjoint aux finances, explique que ce sont 13 mois et non 12 qui sont pris en compte et surtout rappelle l’impact de la tempête.
« Une solution miracle ? »
Bon an, mal an, surtout mal an, Klaus aura coûté à la Ville plus de 500 000 euros (pour 430 000 d’aides et de remboursements des assurances). Mine de rien, cette somme représente près de cinq points de fiscalité. Et quand, on se refuse à augmenter les impôts, évidemment ce n’est pas simple.
Conséquence logique, il faut limiter les dépenses et/ou recourir à l’emprunt. Comme le pointe Renaud Lagrave, l’endettement est passé de 32 à 35 millions d’euros ce qui représente une dette par tête de pipe de 1 100 euros. « Le nombre d’années nécessaire à rembourser notre dette a été multiplié par 1,5. » Alain Baché (en costume et cravate, c’est rare) renchérit : « L’endettement doit nous interroger d’autant plus que nous avons de moins en moins de recettes. C’est une problématique à laquelle nous allons être confrontés lors des prochaines années. »
Geneviève Darrieussecq reconnaît que « nous ne sommes pas arrivés à contraindre suffisamment nos dépenses. » Elle ajoute : « Nous allons mesurer jusqu’où aller en terme d’endettement sans être surendettés. » Elle interroge à gauche : « Si vous avez une solution miracle ? ». Et renvoie à la dernière mandature de Philippe Labeyrie. « Les impôts avaient augmenté de 20 %. » Pour Jean-Pierre Pinto, pas de doute, « c’est une gestion de qualité. C’est 14 millions d’investissement pour 1 million d’endettement en plus. »
Sujets qui fâchent
Retour au calme et à l’unanimité pour les budgets annexes, parking du Midou, self Bosquet, projet de rénovation urbaine, pompes funèbres, services de l’eau, de l’assainissement ou de la géothermie.
Les débats reprennent à propos des subventions aux associations (lire ci-dessous) avant de s’éteindre de nouveau sur les quatre questions budgétaires.
La température remonte avec la question 57 (allez, courage, on est bientôt à la fin) traitant de la vidéosurveillance plus pudiquement rebaptisée vidéoprotection. Ségolène Dauga, qui s’exprime rarement, se fait porte-parole de l’opposition. Pour elle, c’est très cher et pas forcément efficace, moins en tout cas qu’un fonctionnaire de police. Mais ces fonctionnaires-là sont aussi en raréfaction.
Les douze dernières questions sont évacuées en un rien de temps. Il s’agit pour l’essentiel de redistribuer les délégations que possédait le démissionnaire Jean-Philippe Guérini.
Arrive le moment des questions diverses où fait irruption le sort de l’école du Manot. C’est Michèle Péguy qui sonne la charge. Elle dit sa surprise et sa désapprobation. Lagrave assène. « Vous faites voter à la CAM des procédures de maintien aux équipements de proximité et vous ne le faites pas à Mont-de-Marsan. Sur cette question, nous irons jusqu’au bout. » L’ambiance se tend et Darrieussecq s’agace. « On n’en doute pas. Et si on crée une crèche à la place, ce ne sera pas un équipement de proximité ? »
Voilà, c’est fini. À Lyon aussi d’ailleurs. Bordeaux a perdu 3-1. Au grand dam du directeur de cabinet, Mathieu Ara.
Auteur : jean-françois renaut
jf.renaut@sudouest.com