Royal comme Mitterrand
Publié par cedric - le 08/05/2007

POLITIQUE. Pour un candidat socialiste à la présidentielle, l’emporter sur la ville n’a rien d’évident. Ségolène Royal, pourtant mal partie au 1er tour, y parvient

:Jean-François Renaut




Dimanche soir. Le marasme et la déception dominent parmi les militants socialistes réunis boulevard d’Haussez au siège de la fédération. Tout est noir. Tout ? Non. Quelques motifs de réjouissance locaux et raisons d’espérer pour les législatives sont apparus. Ainsi les résultats sur Mont-de-Marsan.
Ségolène Royal arrive en tête sur la ville préfecture. La candidate socialiste devance le nouveau président de la République de 238 voix (8 636 contre 8 398).
Dans une ville qui penche plutôt à droite quand il s’agit d’élection présidentielle, c’est loin de couler de source. Et si on se souvient des résultats d’il y a deux semaines pour le premier tour, c’est quasi miraculeux.
En additionnant au score de Nicolas Sarkozy (30,98 %), ceux de Philippe de Villiers (MPF), Jean-Marie Le Pen (FN) et François Bayrou (UDF), la projection pour le second tour donnait le candidat UMP à 61,53 % des suffrages. In fine, il n’en récolte que 49,30 %.

« 50,70 % pour le chef-lieu des Landes, c’est pas mal. Reste à travailler pour les législatives »

Darrieussecq avec Sarkozy. Pourtant, Geneviève Darrieussecq, la déléguée départementale de l’UDF et candidate aux législatives sur la première circonscription (en attendant de briguer la mairie de Mont-de-Marsan), avait fait savoir en fin de semaine dernière qu’elle s’apprêtait à voter Sarkozy.
Du coup, Renaud Lagrave, premier fédéral socialiste, s’enthousiasme. « Royal qui arrive en tête sur Mont-de-Marsan ! Je suis plus que content de ce résultat parce que franchement le PS y est pour quelque chose. » Traduction : les militants ont mouillé leur chemise à coller, tracter, distribuer? En résumé, à tenter de convaincre les hésitants.


Pas depuis 1988. Historiquement, sans s’arrêter sur l’atypique deuxième tour de 2002, il est instructif de remonter jusqu’en 1995. Cette année-là, Chirac avait devancé Jospin de pas loin de six points (52,84 % contre 47,15 %).
En fait, il faut remonter à quasiment 20 ans pour trouver trace d’un candidat de gauche à la présidentielle coiffant celui de droite. C’était en 1988 et François Mitterrand précédait Jacques Chirac de deux gros points (51,14 % contre 48,85 %).
Philippe Labeyrie ne s’y trompe pas. Déçu par les résultats nationaux, il se réjouit en revanche du vote de ses administrés. « Je suis satisfait que la ville de Mont-de-Marsan tienne le choc. 50,70 % pour le chef-lieu des Landes, ce n’est quand même pas mal. Reste à travailler pour les législatives. »
Partisan dès le départ de Ségolène Royal, le sénateur-maire PS de la ville, fait également ce constat trivial. « Il ne suffit pas d’être une femme pour être élue. » Geneviève Darrieussecq n’aura pas manqué de le noter. Ni non plus Guy Bertrand (CNI) et André-Marc Dubos (de Alternative citoyenne), actuels élus de l’opposition et annoncés partants pour les municipales de 2008.
« Je ne suis pas inquiet », déclarait Philippe Labeyrie à l’issue du premier tour. Ça n’a évidemment pas changé depuis.