Le PS sous pression
Publié par cedric - le 08/05/2007

LÉGISLATIVES. Le Parti socialiste veut s’appuyer sur le score de Ségolène Royal dans les trois circonscriptions pour remobiliser les militants à partir du 16 mai

:Lionel Niedzwiecki


Renaud Lagrave ne cache pas que la pilule est dure à avaler. La victoire, nette et sans bavure, de Nicolas Sarkozy a plombé le moral des troupes socialistes. Pourtant, le premier secrétaire de la fédération landaise ne veut pas céder au découragement. Il puise dans les résultats locaux la conviction que le troisième tour, celui des législatives, peut remettre du baume au c?ur du peuple de gauche. « Ségolène Royal arrive en tête dans les trois circonscriptions. Ce n’est pas un hasard. Nous avons mené une campagne à l’ancienne, au plus près du terrain, une campagne de propositions mais aussi d’opposition au bilan de la droite. Je crois sincèrement que beaucoup d’électeurs n’ont pas réalisé ce que proposait Nicolas Sarkozy. Que ce soit pour la sécurité sociale, le contrat de travail, la réforme fiscale ou les services publics, le réveil risque d’être douloureux. »
Le coup de massue digéré, Renaud Lagrave ne cache pas son impatience d’en découdre à nouveau. « Avec les législatives, nous allons entrer dans le vif du sujet. C’est-à-dire dans une campagne d’opposition intensive. C’est le programme du nouveau gouvernement et du président de la République, qui sera mis en avant. »
Avec trois députés sortants, le PS landais veut évidemment repousser la vague bleue que les instituts de sondage annoncent au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy. « Les Landais savent qu’ici, nos trois députés ont défendu les intérêts des salariés. Que ce soit pour la défense du code du travail, la laïcité ou les services publics, ils ont fait entendre leurs voix. Nous allons expliquer aux électeurs qu’il faut continuer avec ces parlementaires à défendre les valeurs de solidarité mais aussi le développement du département. »


À l’ancienne. Sur la méthode, il ne faut pas s’attendre à de grands bouleversements. Un banquet républicain donnera le top départ dès le 16 mai à Mont-de-Marsan. Ensuite, Alain Vidalies, Jean-Pierre Dufau et Henri Emmanuelli arpenteront leurs terres électorales. « En plaçant en tête Ségolène Royal dans les trois circonscriptions, les électeurs landais ont compris qu’il y avait un problème avec la politique de Nicolas Sarkozy, poursuit Renaud Lagrave. Quand il n’y a pas de remplaçants dans les écoles, c’est bien parce que l’Éducation Nationale n’a pas les moyens nécessaires pour assurer sa mission. Avec un fonctionnaire sur deux non remplacés, ce sera encore pire » souligne-t-il.


Réponse. Reste que la mobilisation des militants socialistes dépend aussi des stratégies développées au plan national. Les petites phrases de Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius dès l’annonce des résultats dimanche soir, la perspective d’un bureau national et d’un Conseil national houleux pourraient annoncer une période d’instabilité sur fond de règlements de compte. « La seule réponse valable, c’est qu’il y a un premier secrétaire national et qu’il lui appartient de mener la bataille des législatives, assène Renaud Lagrave. En tout cas, moi, le reste ne m’intéresse pas. » Le premier secrétaire fédéral se retranche derrière « l’intérêt supérieur » des militants et des électeurs de gauche.
« Franchement, ils ne comprendraient pas un manquement dans la période qui s’ouvre. On ne peut pas se plaindre du départ de Lionel Jospin en 2002 et tirer dans les coins. Les enjeux personnels ne doivent pas passer avant l’intérêt général, à commencer par celui de la démocratie. Car si en juin prochain, tous les pouvoirs sont concentrés dans un seul camp, au service d’une seule politique et d’un seul homme, ce sera d’abord et avant tout la défaite de la démocratie. » Un argument, qui paradoxalement pourrait être repris par les adversaires du PS aux législatives pour dénoncer la couleur monochrome du département des Landes !