« À qui profite le crime ? »
Publié par cedric - le 24/09/2009

PARTI SOCIALISTE. Polémique interne, affaire de Seignosse, privatisation de la Poste ou stratégie des courants : Renaud Lagrave, premier fédéral, ne manque pas d’actualités

« Sud Ouest » Que pensez-vous de la polémique des « urnes bourrées » relancée par la sortie d’un livre (1) et ses suites ?

Renaud Lagrave. Quand j’ai vu ce livre sortir, je me suis tout de suite demandé : « À qui profite le crime ? » Nous sortions d’un moment politique important, le congrès de La Rochelle, qui s’était bien déroulé et alors que l’apaisement s’installait au sein du PS, quand les contre-propositions sortaient face à la politique du gouvernement, comment ne pas en déduire que ce brûlot est largement téléguidé ! Comme une manière de remettre un coin au sein du Parti. Mais le vote du 1er octobre des militants va régler la question…


Quelle sera la nature de ce fameux vote ?

Le 1er octobre, c’est la compilation de deux choses importantes. La première sera le vote pour désigner le premier des socialistes en vue des régionales 2010. En Aquitaine, Alain Rousset est naturellement le seul candidat à la candidature, à ma connaissance… Mais conformément à la proposition de Martine Aubry à La Rochelle, les militants auront aussi un questionnaire à remplir ce jour-là. Une sorte de sondage grandeur nature où il s’agira pour eux de se prononcer sur cinq grands axes : leur position par rapport aux primaires à gauche ; le cumul des mandats ; la parité et la diversité sur nos listes ; la démocratie interne et enfin l’éthique. À travers ce questionnaire, on prend la température, le processus de rénovation se lance et débouchera sur un congrès extraordinaire en juin.


Avec 15 jours de recul, comment jugez-vous l’affaire de la vidéo de Seignosse ?

La défense est pitoyable. M. Hortefeux n’en est certes pas à son coup d’essai, mais on atteint des sommets. Il n’y a que deux solutions : soit les gens assument, auquel cas ils ne sont pas plus dignes d’être ministre de l’Intérieur et des cultes que responsable départemental d’un parti qui se dit républicain et défenseur de la démocratie. Soit on présente ses excuses… Mais je ne les vois pas poindre. Et on a viré un préfet pour moins que cela ! Ce qui me navre, c’est que seul le Mrap parle de porter plainte…


Premier fédéral du PS, vous êtes aussi membre d’un de ses courants influents, au point d’accueillir ce week-end dans les Landes ses universités, quel sera le menu ?

C’est une petite fierté pour nous que d’organiser ces trois jours à Port-d’Albret (25, 26 et 27 septembre). Un Monde d’avance est un courant clairement dit « de gauche » au sein du PS, porté par Benoît Hamon et Henri Emmanuelli et nous comptons sur ce week-end pour réaffirmer des choses.

Sur notre stratégie dans le Parti, notre position par rapport aux alliances – notamment celle impossible avec le Modem – mais surtout, pour travailler sur la question de la redistribution des richesses.

Et puis nous allons essayer de rassembler le plus largement possible à gauche, en invitant un membre de chaque grand parti de gauche à intervenir : PC, Verts, NPA, MRC, PRG…

À ce jour, nous avons près de 800 inscrits, sans les Landais : nous n’avons pas à rougir, pour un simple courant du PS, par rapport à d’autres universités d’été…


Le PS semble également mobilisé en vue de la journée du 3 octobre, que va-t-il se passer exactement ?

Depuis le 31 juillet et le vote de la loi sur l’ouverture du capital de la Poste, nous sommes en alerte. C’est une privatisation masquée. Or, nous nous battons depuis des années contre la désertification dans les Landes et avec l’épisode de la tempête que nous venons de vivre, nous sommes bien placés pour voir les effets dévastateurs de la dérégulation des services publics.

Avec les syndicats et les associations, nous avons demandé un référendum au président de la République sur ce sujet : il l’a refusé. Alors le 3 octobre, nous allons organiser dans les Landes une votation citoyenne (ndlr : les actions s’étalent en France du 28 septembre au 3 octobre). Il faut dire aux gens que c’est la fin de la Poste de proximité, c’est un véritable enjeu d’aménagement du territoire. Si on l’explique aux gens, je suis sûr du résultat : ce sera non à l’ouverture du capital !


(1) « Hold-uPS, arnaques et trahisons » de Karim Rissouli et Antonin André.

Auteur : propos recueillis par jean-pierre dorian
j-p.dorian@sudouest.com