Renaud Lagrave en première ligne
Publié par cedric - le 06/04/2006


PARTI SOCIALISTE.
–Il sera à la fin du mois le nouveau premier secrétaire

:Lionel Niedzwiecki

Il n’y aura pas de suspense, le 25 septembre prochain à Morcenx, lors du congrès fédéral du Parti socialiste : Renaud Lagrave, l’actuel secrétaire de la section de Mont-de-Marsan succèdera au poste de premier secrétaire fédéral à Stéphane Delpeyrat. Le vote risque d’ailleurs de tourner au plébiscite : même si le dépôt de candidature ne sera clôt que lundi, on peut parier que Renaud Lagrave sera seul en lice.
Agé de de 37 ans, natif de Montreuil-sous-Bois, en région parisienne, Renaud Lagrave s’est engagé en politique alors qu’il était étudiant à Nanterre. En 1986, les manifestations contre la loi Devaquet le propulsent en tête de la coordination étudiante, sur le front de la contestation. La même année, la défaite de la gauche aux législatives l’incite à rejoindre les rangs du Parti socialiste. « J’avais trouvé cette défaite particulièrement injuste. Dans les Hauts de Seine, la présence de Charles Pasqua et la montée du Front national m’ont définitivement convaincu de franchir le pas. Entre les deux, il n’y avait pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. »

Fibre militante. Fils d’une sociologue de renom, Rose-Marie Lagrave, et d’un militant syndicaliste emprisonné pendant deux ans pour avoir refusé de partir à la guerre d’Algérie, Renaud Lagrave a la fibre militante. Après avoir occupé le poste de secrétaire national du Mouvement des Jeunes Socialistes, il rejoint le staff de campagne de François Mitterrand en 1988 et travaille dans l’équipe de Pierre Bérégovoy. « J’ai fait tous les meetings de 88. Je n’oublierai jamais celui de Toulouse, le dernier. Mitterrand face à 40 000 personnes. Pendant son discours, on n’entendait pas une mouche voler. » C’est dans ce contexte qu’il croise pour la première fois Henri Emmanuelli, qu’il retrouvera plus tard aux côtés de Lionel Jospin lors du congrès de Rennes. Renaud Lagrave baigne alors dans le courant jospinien et devient l’attaché parlementaire de Daniel Vaillant.
« En 1993, Jospin nous fait le coup de sa première traversée du bac à sable, ironise Renaud Lagrave. Nous représentions un quart du PS à l’époque et l’on s’est retrouvé le bec dans l’eau. J’ai choisi de garder la maison aux côtés d’Henri Emmanuelli. »
Un an plus tôt, désireux de quitter Paris, le jeune militant socialiste avait gagné les Landes à l’invitation de son président, qui souhaitait mettre en place la démocratie participative. « Quand Henri Emmanuelli a été élu premier secrétaire du PS, j’ai continué de travailler à ses côtés. »

Période noire. En 1995, Lionel Jospin fait son retour sur le devant de la scène. Deux ans plus tard, Henri Emmanuelli connaît ses démélés judiciaires dans l’affaire du financement du PS. « Une période noire, terrible, commente Renaud Lagrave. Pendant deux ans je n’ai plus mis les pieds au PS à Paris. Je me souviens de tout. De l’hypocrisie ambiante, des procès à répétition. J’ai vu comment l’on pouvait briser un homme. Au plan local, avec Stéphane Delpeyrat et d’autres, on a essayé de faire en sorte que la vie politique continue. Cette période noire ne s’est véritablement achevée que cet été, au mois d’août. Henri Emmanuelli ne veut pas en parler, mais je sais qu’il gardait cette douleur au plus profond de lui et que ce non-lieu a été un véritable soulagement. Pour nous aussi, c’est un immense soulagement. Nous sommes heureux pour lui. »
Réputé pour être avant tout un organisateur, Renaud Lagrave souhaite à présent devenir l’animateur d’une fédération qu’il sait puissante mais pas infaillible. « Rien n’est jamais acquis en politique. Il faudra travailler pour attirer de nouveaux militants, assurer le renouvellement des cadres mais aussi et surtout faire vivre le débat démocratique. »
Ce sera probablement sa tâche la plus difficile dans un département où le PS rêgne quasiment sans partage. Mais Renaud Lagrave a son idée : « Je compte organiser des réunions publiques thématiques ouvertes à tous et pas seulement aux socialistes. Ces débats à la base, devront nourrir nos réflexions pour la Présidentielle de 2007. Et je souhaite que les Landes y prennent toute leur part. »