Voila, c’est fini ?
Publié par cedric - le 18/03/2008

MUNICIPALES. Dans le camp des sortants, l’heure est aux réunions. Se remettre en question et définir un nouveau plan de bataille. Dans le rôle de l’opposition

:Aude Ferbos


Groggy. Après le KO de dimanche, le camp socialiste s’est réveillé hier à Mont-de-Marsan avec la gueule de bois et la langue peu pendue. En ce lendemain de défaite municipale, l’heure n’est pas aux grands discours. « Je suis désormais un citoyen lambda et je ne réponds pas aux questions des journalistes », déclare laconiquement Philippe Labeyrie, pour donner le ton d’une journée placée, à gauche, sous le signe du rassemblement. Renaud Lagrave accepte juste de décrire son sentiment du moment : « entre fortement déçu et catastrophé », avant de décliner poliment l’invitation à commenter publiquement les résultats.
« Je constate une chose toute simple : il y a quand même 48 % des Montois qui ont voté pour nous au second tour, il n’y a donc pas eu de décrochage. Il faut se remettre au travail, tirer les conséquences de ce vote et comprendre les raisons pour lesquelles on a perdu », confie toutefois le premier secrétaire fédéral du PS. Une réflexion qui « se passe au sein du Parti socialiste ». Au menu d’hier, ce soir et demain, des réunions. « Je n’ai pas l’habitude de me défiler mais on a besoin de confronter nos analyses et de discuter entre nous. C’est logique d’avoir une discussion avec les militants PS de la section avant de prendre position et de faire des déclarations publiques. » Dont acte.


Resserrer les rangs. Et puis dire quoi ? Le coup dans le ventre, en entendant le bastion socialiste basculer à droite ? Non. Si le maire sortant a laissé couler ses larmes pendant le meeting du PS jeudi dernier, il n’affichait pas dimanche soir le visage de la défaite. Mais de la « dignité ». Et du respect démocratique. Avec pour symbole, l’image de Michel Cazaugade, félicitant Geneviève Darrieussecq, à l’entrée de l’hôtel de ville.
Quelques minutes auparavant, Philippe Labeyrie passait la porte dans l’autre sens, accompagné de son épouse, et disparaissait dans la nuit montoise. Sans un mot. Trouant les « bravos » et les « applaudissements » d’une partie de la foule « venue assister à la victoire de la gauche ». « On est foutus », sanglote une voix féminine, « je ne reste pas ici moi, je déménage », lâche une autre. « Quand même, on pouvait espérer une meilleure sortie », souffle celle-ci en regardant les « perdants » s’en aller vers la permanence du PS où ils se sont retrouvés.
« On avait besoin de resserrer les rangs et d’être solidaires », confie Jean-Michel Carrère, numéro 13 sur la liste. « Parce que Philippe Labeyrie a beau parler d’un échec lié à sa personne, l’échec est pour tous. »


Opposition constructive. Mais dans l’après-midi, les têtes se relevaient déjà. « Il va désormais s’agir d’être très actif, constructif, et critique vis-à-vis de ce qui pourrait être fait par la majorité », poursuit Alain Baché, numéro 4 sur la liste qui se prépare à se battre au sein d’une « minorité de construction ». « On a perdu ensemble, sachons rebondir ensemble. » La combativité peut-être de celui qui avait senti le coup venir au soir du premier tour. « L’épreuve était quasiment impossible », résume Michel Cazaugade lui-même.
Mais si l’écart n’a pas été sous estimé dans l’entre-deux-tours, la constitution de la liste avait été dictée par une confiance qui apparaît peu stratégique au regard de la défaite. Ce soir, les colistiers se réuniront pour définir la tactique : « selon la loi, les huit premiers devraient entrer au Conseil municipal vendredi, mais je pense qu’il y aura des désistements », avance Jean-Michel Carrère. Selon toute probabilité, les trois représentants politiques – Alain Baché (PC), Renaud Lagrave (PS) et Jean-Philippe Guérini (PRG) – et les « anciens » de la liste siégeront. La question reste toutefois ouverte, qui en appelle d’autres. « La leçon de tout ça, c’est la victoire de Mme Darrieussecq : mais est-ce vraiment un vote pour elle ou un vote contre nous ? Les Montois n’ont-ils pas cédé au changement pour le changement ? », se demande Jean-Michel Carrère. « L’avenir nous le dira ».
En attendant, une page de Mont-de-Marsan se tourne. Vingt-cinq années de « Labeyrisme ». Mais voilà pour les socialistes, sous la plume de la minorité, un nouveau scénario à écrire. Reste à savoir s’ils joueront les premiers rôles.