Des petits papiers
Publié par cedric - le 22/06/2007

J’étais présent hier soir à cette manifestation au sens politique fort, aux côtés des élus de gauche mais aussi des militants associatifs et syndicaux, pour marquer notre opposition à la politique de Mr Sarkozy et à son tristement célèbre Ministère de l’Identité Nationale…le combat continue.
MONT-DE-MARSAN. Hier soir, quatre familles menacées d’expulsion sont entrées symboliquement dans la République
contraste saisissant. Alors qu’hier soir le préfet des Landes ouvrait sa cour d’honneur à la Fête de la musique, au même moment, devant l’hôtel de ville, Philippe Labeyrie, le sénateur-maire de Mont-de-Marsan, enfonçait avec force un coin dans la politique d’immigration de Nicolas Sarkozy. Offrant aux 125 000 expulsions promises par le gouvernement Fillon une réponse aussi déterminée qu’émouvante. Une réponse qui l’a vu, hier soir, devant près de 300 personnes, signer les parrainages républicains de quatre familles menacées d’expulsion. Quatre familles marquées par la fuite, l’exode, la guerre et plus que tout par l’insécurité. Quatre familles qui, au bout de leur périple, ont trouvé la France. Tels les Kotchetov, ce couple de Russes, qui ont fui leur pays avec leurs deux enfants. Tels les Djordjevitch, des Roms qui ont fui la Serbie. Tel Eugeniy Voistinov qui, lui aussi, a été contraint de tout laisser derrière lui. Tels Jasmin et Alma Osmanovic, 27 et 22 ans. Avec leurs deux petites filles de 2 et 4 ans, Alissa et Samira, ils ont quitté la Bosnie réfugiés dans une citerne.


Les élus en première ligne. Et c’est précisément pour qu’ils ne revivent pas un énième départ, pour qu’ils n’ajoutent pas de nouvelles dents de scie à une ligne de vie déjà sérieusement brisée, que le tissu associatif montois s’est mobilisé.
Mais pour que l’initiative ait du poids et qu’elle résonne comme un avertissement crédible aux oreilles de l’autorité préfectorale, le Mrap et les autres associations engagées dans cette cause ont demandé le soutien des élus. C’est ainsi qu’aux côtés de Philippe Labeyrie se sont rangés notamment Jean-Pierre Jullian, le maire de Saint-Pierre-du-Mont, Christian Cazade, le conseiller général, Alain Vidalies, le député de la circonscription.
« C’est symbolique ce qu’on a fait, précise Philippe Labeyrie, mais ce n’est pas normal de les expulser. Ils en ont assez bavé. Ils sont là, leurs enfants sont dans nos écoles, ils parlent français. Cette affaire, ça me remue. » Hier soir, il n’a fait qu’une promesse à ces quatre familles : « Aujourd’hui vous pouvez compter sur nous. Et demain aussi. Mais avant d’aller vous chercher, il faudra qu’ils viennent vous chercher chez nous. »


Peur. Toutefois, si les familles ont apprécié le geste et cette mobilisation, toutes sont restées lucides. Hier soir, en effet, chacune d’entre elle savait pertinemment qu’il faudrait bien plus que des parrainages républicains , ces « petits papiers », pour éviter l’expulsion. « Nous sommes touchés par ce qui a été fait, explique Jasmin Osmanovic. J’espère pouvoir rester en France. Mais j’ai peur d’être expulsé. Je suis boulanger, je pourrai travailler, mais je n’ai pas le droit. » Au quotidien, ce sont les associations qui prennent le relais. Logement, nourriture, vêtements?
Toutefois, au-delà de l’émotion largement palpable, il restera peut-être une image de cette soirée : celle de deux petites filles blondes jouant devant la mairie pendant que leurs parents embrassaient leurs parrains. Une image qui résume à elle seule ce que toutes ces familles espèrent : l’insouciance.