Les caméras font débat
Mont de MARSAN
Publié par cedric - le 03/04/2010

VIDÉOSURVEILLANCE. La Ville souhaite l’implantation de caméras en milieu ouvert. Une dizaine serait prévue places Saint-Roch et de la Mairie, rues Gambetta et Sadi-Carnot

C’est un des sujets qui a fait débat lors du long, très long, conseil municipal de mardi soir. La Ville souhaite implanter place Saint-Roch et rue Gambetta des caméras de vidéosurveillance (rebaptisée vidéoprotection, politiquement plus correcte). Des caméras comme il en existe en milieu fermé (lire par ailleurs). Elles seront raccordées au commissariat et au siège de la police municipale. Et quitte à raccorder, les 25 déjà installées le seront également. Il en coûterait au total 250 000 euros.

Pour cette implantation, la Ville a sollicité une subvention en faveur du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance auprès du fonds interministériel compétent (FIPD). D’après Farid Heba, l’élu compétent sur le dossier, il est raisonnable d’espérer 135 000 euros du FIPD plus d’autres subventions encore. « Sur deux ans, ça ne coûtera pas grand-chose. »

L’opposition n’est pas convaincue. Elle tique devant le coût et s’interroge surtout sur l’efficacité du dispositif. Elle a d’ailleurs voté contre. « Vous nous avez pourtant dit que l’État n’avait pas d’argent », relève Renaud Lagrave.

Recrudescence de bagarres

L’argumentaire de Farid Heba est le suivant. « C’est une aide à l’intervention des forces de police sachant que l’on constate une recrudescence de bagarres et que ça peut servir également pour les grosses animations. » Ségolène Dauga se fait porte-parole de l’opposition sur ce coup-là. Elle a visiblement bossé le dossier. « On sait qu’il s’agit d’une priorité absolue du gouvernement mais quelle est son efficacité ? Aucun chercheur ne dit que la délinquance a baissé significativement grâce à cela. Une caméra ne peut pas intervenir en cas d’infraction, un fonctionnaire oui. »

Or, il n’est un secret pour personne que le fonctionnaire fond comme la neige au soleil. Un partant sur deux n’est pas remplacé, c’est valable dans les commissariats comme dans l’Éducation nationale.

Cette tendance nationale se complique encore à Mont-de-Marsan en raison de la présence du centre pénitentiaire de Pémégnan. Avant son ouverture, Brigitte Pommereau, à l’époque directrice départementale de la sécurité publique, avait estimé à 30 le nombre de renforts nécessaires. 17 seulement sont arrivés. Et comme dans le même temps 9 sont partis, le solde n’est que de 8.

L’opposition est contre

« Ce n’est pas satisfaisant quand on est élu. Ce n’est pas LA mesure mais j’y suis favorable », explique le maire. « D’autant plus favorable que le commissariat est en sous-effectif chronique. »

« Fréquemment des gens se plaignent. Ils ont appelé le commissariat et personne n’est venu. Je reçois souvent des courriers de personnes qui se sont fait agresser devant des établissements de nuit. Toutes ces choses m’inquiètent. Ce système a des avantages et en particulier de permettre des interventions plus rapides. »

« Là, on met le doigt dans un engrenage », déplore Renaud Lagrave. « Il s’agit de lieux publics. On n’en est plus aux lieux privés comme examinés précédemment en conseil municipal. »

L’opposition suggère que la somme de 250 000 euros soit affectée à la prévention. « Ce n’est pas parce certaines villes s’équipent de caméras qu’il faut le faire aussi. »

En amont du conseil municipal, la Ligue des droits de l’homme (LDH) avait distribué un tract demandant aux conseillers de ne pas adopter cette délibération. Son argumentaire est à peu de chose près celui de l’opposition municipale en plus musclé. Résumé : il faudra du personnel pour analyser les images et, confère plus haut, il y en a peu. Les caméras inquiéteront davantage les citoyens qu’elles dissuaderont les vocations délinquantes. Et puis qu’elle est leur fiabilité ? La LDH prend l’exemple des pompiers catalans filmés dans un supermarché de la région de la région parisienne et confondus avec des terroristes de l’ETA. « Le procédé peut faire désigner comme suspectes, voire coupables, des personnes parfaitement innocentes. »

La délibération a été adoptée. A priori, la place Saint-Roch devrait accueillir quatre caméras (une à chaque coin). Quatre à six autres seront disposées rues Sadi-Carnot et Gambetta et place de la Mairie. Les services techniques sont chargés d’étudier les détails de la question (nombre nécessaire, angles les plus judicieux…). Les caméras devraient être installées cette année et l’an prochain.

Auteur : jean-françois renaut
jf.renaut@suouest.com