Le littoral aquitain durement touché par l’érosion malgré une organisation exemplaire et une anticipation des problèmes
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Publié par cedric - le 08/01/2014

Communiqué de presse du 7 janvier 2014 de Renaud LAGRAVE
Président du GIP Littoral Aquita
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Le littoral aquitain vient d’être durement touché par une succession de houles très
importantes conjuguées à de grands coefficients de marée.
Une stratégie régionale déclinée en stratégies locales
Depuis juin 2012, l’Aquitaine est dotée d’une stratégie régionale de gestion de la bande
côtière. Trois années d’intenses travaux au sein du GIP Littoral Aquitain ont été nécessaires
pour aboutir à une vision partagée entre l’Etat et les collectivités de la gestion des risques
côtiers.
Les collectivités et les services de l’Etat disposent depuis cette date :
– d’une connaissance fine et partagée des processus à l’origine de l’érosion et des
prévisions d’érosion à l’horizon 2020 et 2040 (sensibilité régionale à l’érosion) qui est
le produit d’un travail scientifique et technique de haut niveau (experts du BRGM et
de l’ONF au sein de l’Observatoire de la côte aquitaine et scientifiques aquitains)
– d’un document qui vise à orienter les politiques publiques menées en Aquitaine pour
mieux gérer la bande côtière en fixant un cadre d’action régional (cf. document
d’orientation et d’actions) ;
– d’un guide de l’action locale qui décrit le rôles et compétences des acteurs concernés
et définit un ensemble de méthodes communes au littoral aquitain afin
d’accompagner les territoires dans l’étude, la réflexion et la mise en oeuvre de
stratégies locales.
L’ensemble de ces documents a été rendu publics le 27 septembre 2012.
Cette stratégie régionale a été élaborée, afin d’éviter les réponses précipitées à des
situations de crise souvent contraires à un aménagement durable, […] et donc de limiter la
survenue de situations d’urgences par l’anticipation, en combinant actions de prévention et planification d’actions d’adaptation au recul du trait de côte (cf. p.9 du document
d’orientation et d’actions de la stratégie régionale).
Cette stratégie régionale est aujourd’hui mise en oeuvre par l’ensemble de la sphère
publique en Aquitaine. C’est dans ce cadre que le GIP Littoral Aquitain a réalisé une
exposition grand public sur l’érosion et la met à disposition (cf. exposition au CG 40 en
octobre 2013 et à Lacanau en décembre 2013), assure avec les trois sites ateliers de
Lacanau, Labenne et La Teste de Buch la mise en oeuvre d’une réponse à l’appel à projet
national relocalisation du Ministère de l’Ecologie. Mais c’est aussi en application de cette
stratégie régionale que l’Observatoire de la côte aquitaine assure un suivi annuel de
l’évolution du trait de côte et que les agents de l’ONF et du BRGM sont actuellement sur le
terrain pour assister les services de l’Etat et des collectivités pour gérer au mieux les
conséquences de l’érosion.

Du côté des collectivités territoriales, au 1er janvier 2014, soit à peine un an et demi après la validation de cette stratégie régionale, toutes les collectivités concernées par l’érosion se sont lancées dans l’élaboration d’une stratégie locale. A savoir :
– Communauté de communes de la Pointe du Médoc dès 2011 ;
– Mairie de Lacanau ;
– Communauté de communes de Mimizan ;
– Agglomération Sud Pays Basque ;
– Agglomération Côte basque Adour
Et dernièrement :
– Mairie de Capbreton ;
– Mairie de La Teste de Buch avec les mairies de Lège Cap Ferret et Biscarrosse et du
Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon.
Zoom sur les stratégies locales érosion :
Une stratégie locale doit permettre d’affiner localement les orientations définies
régionalement et de les adapter au projet de territoire.
Une stratégie locale doit étudier les différents scénarios de gestion de la bande côtière (de
l’inaction au repli stratégique) et définir la solution adaptée à la situation locale et au projet
de territoire, par une analyse coûts / avantages et par une analyse multicritères.
Une stratégie locale doit au final aboutir à la coordination et à la planification des actions
locales de gestion de la bande côtière dans un document unique, articulé avec les
documents réglementaires (PPR, PLU et SCOT) et ce, dans une vision stratégique
d’élaboration d’un projet de territoire incluant la bande côtière soumise à aléa.
Plus d’informations : cf. p.44 du document d’orientation et d’actions.
Les actions de l’Aquitaine en terme de gestion des risques côtiers sont donc majeures voire pionnières au niveau national, comme cela a pu être mis en évidence lors des assises nationales des risques naturels les 2 et 3 décembre 2013 à Bordeaux, dont le GIP pilotait l’atelier risques côtiers avec l’ANEL
Comment réduire l’exposition aux risques et limiter les situations d’urgence sur le littoral aquitain ?
La réduction des situations d’urgence/crise est atteignable à court, moyen et long terme en Aquitaine, mais nécessite une ambition et une moblisation à tous les niveaux.
Court terme : résoudre les cas les plus urgents
Les bâtiments menacés à court terme par l’érosion marine sur la côte sableuse et les
mouvements de terrain sur la côte rocheuse sont bien connus en Aquitaine grâce notament à la définition par le BRGM en 2011 des projections de positions du trait de côte à l’horizon 2020.
L’acquisition préventive de ces biens par la puissance publique permettrait de limiter le
risque pour les personnes dans des conditions d’intense érosion telles que nous venons de connaître. Or il existe depuis 1995 un fonds dédié à la réduction de l’exposition des biens et des personnes par l’acquisition amiable ou l’expropriation : le Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM ou Fonds Barnier). Au regard de l’intensité des événements de ces derniers jours, ne faut-il considérer l’érosion comme un risque naturel majeur ? Ne faut-il pas inscrire l’érosion comme un risque éligible temporairement ou définitiiement à ce fonds, comme cela fut fait pour les submersions marines après Xynthia ?
Concernant le cas particulier du Signal, Renaud LAGRAVE, constate avec satisfaction que le plus haut représentant de l’Etat en Aquitaine en la personne du Préfet de Région Michel
DELPUECH, facilite la sortie de crise en ouvrant la voie à une indemnisation au titre du
Fonds Barnier.
Dans tous les cas, la gestion des crises, ne peut se faire en dépit de l’intérêt général du
littoral. Les actions entreprises pour préserver dans l’urgence les personnes et/ou les biens et activités doivent être menées en se prémunissant des effets dominos qui aggraveraient la situation d’autres secteurs.
Moyen terme : donner les moyens aux collectivités de mettre en oeuvre les stratégies
locales
Les stratégies nationale et régionale ont changé le paradigme de la gestion de la bande
côtère en mettant en avant la mobilité naturelle du trait de côte et en introduisant un nouveau mode de gestion : la relocalisation des biens et activités (qui permet de préserver le fonctionnement naturel du littoral, d’assurer le maintien des plages et d’assurer la préservation des biens et activités). Dans le cadre de l’appel à projets du Ministère de l’Ecologie, l’Aquitaine étudie la faisabilité opérationnelle tant d’un point de vue réglementaire, que financier de ce mode de gestion A titre d’exemple, malgré le consensus sur les objectifs de la loi littoral, celle-ci semble difficilement permette la prise en compte de la mobilité du trait de côte et donc de la relocalisation.
Il faut désormais concentrer nos énergies pour rendre effectives les stratégies locales
élaborées (ou en cours) qui combineront le plus intelligemment possible lutte active dure
(enrochement), souple (rechargements), relocalisation… Pour cela il convient de clarifier les responsabilités, de concentrer les financements, de facilier le portage foncier, d’autoriser les travaux, de continuer un suivi efficace des phénomènes d’érosion…
A court, et moyen terme, les solutions viendront donc des projets de territoire élaborés par
les acteurs locaux dans le cadre de ces stratégies locales. Grace à un effort collectif
important ces dernières années l’Aquitaine est la région la plus avancée.
Long terme : anticiper les conséquences du changement climatique
Une éventuelle accélération de l’érosion sous l’effet du changement climatique (élévation
certaine du niveau de la mer et éventuelles modifications des régimes de tempêtes) doit être anticipée. Le GIP Littoral Aquitain avec l’ensemble de ces partenaires initie en 2014 une réflexion sur ce thème.
Un risque naturel ne se prévoit jamais complétement, le risque zéro n’existe pas.
Si l’anticipation est une priorité, la survenue de crises demeure possible et leur gestion a
également été prise en compte dans la stratégie régionale (cf. p.58 du document
d’orientation & d’actions de la stratégie régionale de gestion de la bande côtière).
L’épisode dramatique de ces derniers jours qui a couté la vie à au moins une personne à
Biarritz, rappelle à quel point la mer est dangereuse et invite l’ensemble des acteurs publics à poursuivre leurs efforts de diffusion d’une culture du risque au grand public.
La stratégie régionale et chiffres clefs sont disponibles sur www.littoral-aquitain.fr

Le littoral aquitain durement touché par l’érosion malgré une organisation exemplaire et une anticipation des problèmes